Il est où, Ferdinand ? Journal d'un père orphelin - Patrick Chesnais
Sur la quatrième de couverture, Patrick Chesnais écrit ceci :
"Mon fils Ferdinand s'est tué sur le périphérique à 3h19 du matin, le vendredi 13 octobre 2006. Il avait eu vingt ans la semaine précédente. Le 5.
Le lendemain de son enterrement, où se sont succédé de très belles célébrations, un ami m'a dit que grâce à cette journée, Ferdinand avait vécu quelques années de plus.
Cette réfléxion m'a beaucoup troublé. J'ai alors décidé d'essayer de faire vivre mon fils en écrivant au fil des jours. Au fil des tournées en province, des villes, des rencontres, des évènements, des tournages de ma vie d'acteur, j'ai noirci des feuilles et des feuilles, où je racontais son enfance, son adolescence, notre lien, l'incommensurable chagrin.
C'est un ouvrage écrit comme ça, comme ça venait... Un ouvrage fait, je crois, de douleur et d'amour. Un ouvrage pour permettre à Ferdinand, mon fils bien-aimé, d'exister quelques années de plus.
Peut-être."
"Mon fils Ferdinand s'est tué sur le périphérique à 3h19 du matin, le vendredi 13 octobre 2006. Il avait eu vingt ans la semaine précédente. Le 5.
Le lendemain de son enterrement, où se sont succédé de très belles célébrations, un ami m'a dit que grâce à cette journée, Ferdinand avait vécu quelques années de plus.
Cette réfléxion m'a beaucoup troublé. J'ai alors décidé d'essayer de faire vivre mon fils en écrivant au fil des jours. Au fil des tournées en province, des villes, des rencontres, des évènements, des tournages de ma vie d'acteur, j'ai noirci des feuilles et des feuilles, où je racontais son enfance, son adolescence, notre lien, l'incommensurable chagrin.
C'est un ouvrage écrit comme ça, comme ça venait... Un ouvrage fait, je crois, de douleur et d'amour. Un ouvrage pour permettre à Ferdinand, mon fils bien-aimé, d'exister quelques années de plus.
Peut-être."
Patrick Chesnais écrit à son fils, donc. A la deuxième personne. Dans un journal mais à son fils. C'est désorganisé, comme son travail de mémoire. C'est écrit comme ça vient. Comme les souvenirs. Selon les jours, on se retrouve aux dix ans de Ferdinand ou le jour de sa naissance. Dans la maison de l'île de Ré ou à Paris. Ou encore à Beyrouth. Mais c'est ce que j'aime bien. C'est instinctif et ça ressemble à un puzzle. Où derrière le chagrin d'un père, on découvre un jeune homme qui aimait la vie. C'est un livre qui me touche beaucoup. Sans prétention.
Un passage qui me "parle" bien, écrit au moins d'août :
"Ce que je voudrais surtout, c'est que ta mort ne serve à rien. Que ta mort ne me rende pas plus fort parce qu'elle ne m'a pas tué, que ta mort ne me serve pas à intensifier les blessures, les cicatrices qui me donneront encore plus de poids dans les rôles que je vais interpréter. Que ta mort ne me serve pas à avoir une ligne directrice avec mes autres enfants, et que mon éducation, mon attention vers eux en soit différente et plus profitable.
Non.
Que ta mort ne me serve pas à avoir une vision plus sereine, plus calme, plus profonde de l'humanité, et ne m'aide pas à avoir des rapports plus généreux avec les autres.
Que ta mort ne me serve pas à me sanctifier, à me grandir.
Que ta mort ne me serve pas, que je ne me serve surtout pas de ta mort, que ta morte ne serve à rien, ne soit utile à rien."
Puis :
"... Pourtant, l'association Ferdinand lutte contre l'insécurité routière chez les jeunes, en tentant de "ringardiser" surtout par l'image la conduite en état alcoolisé.
De ce point de vue-là ta mort sera peut-être utile.
Aux autres qui comptaient beaucoup pour toi. A nos enfants, nos frères, nos soeurs, nos amis, pour qu'ils arrêtent de mourir sur nos routes au moment où ils font la fête.
C'est insupportable".
Patrick Chesnais, avec d'autres, a créé l'association Ferdinand. Son slogan : "Amuse toi mais reste vivant."
Un passage qui me "parle" bien, écrit au moins d'août :
"Ce que je voudrais surtout, c'est que ta mort ne serve à rien. Que ta mort ne me rende pas plus fort parce qu'elle ne m'a pas tué, que ta mort ne me serve pas à intensifier les blessures, les cicatrices qui me donneront encore plus de poids dans les rôles que je vais interpréter. Que ta mort ne me serve pas à avoir une ligne directrice avec mes autres enfants, et que mon éducation, mon attention vers eux en soit différente et plus profitable.
Non.
Que ta mort ne me serve pas à avoir une vision plus sereine, plus calme, plus profonde de l'humanité, et ne m'aide pas à avoir des rapports plus généreux avec les autres.
Que ta mort ne me serve pas à me sanctifier, à me grandir.
Que ta mort ne me serve pas, que je ne me serve surtout pas de ta mort, que ta morte ne serve à rien, ne soit utile à rien."
Puis :
"... Pourtant, l'association Ferdinand lutte contre l'insécurité routière chez les jeunes, en tentant de "ringardiser" surtout par l'image la conduite en état alcoolisé.
De ce point de vue-là ta mort sera peut-être utile.
Aux autres qui comptaient beaucoup pour toi. A nos enfants, nos frères, nos soeurs, nos amis, pour qu'ils arrêtent de mourir sur nos routes au moment où ils font la fête.
C'est insupportable".
Patrick Chesnais, avec d'autres, a créé l'association Ferdinand. Son slogan : "Amuse toi mais reste vivant."
18,50€. Aux éditions Michel Lafon.
le 24.11.08 à 02:31
dans Des livres... plutôt pour les grands
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Commentaires
Le billet est déjà émouvant. J'imagine le bouquin...
Fort ce décalage. On a tellement l'habitude de vouloir "se servir" d'un drame...
"un père orphelin" ... plein de frissons de haut en bas ! Bon j'arrête
Claudio - 24.11.08 à 09:34 - # - Répondre -
← A Claudio
Ce que j'aime, c'est que ce n'est pas larmoyant du tout. Et quand je dis que c'est sans prétention, ça ne veut pas dire que c'est mal écrit. C'est juste simple.
C'est un livre qui remue. J'ai eu du mal à le terminer.
lespetiteschoses - 24.11.08 à 11:14 - # - Répondre -
Oui, c'est tellement con....
de mourir aussi connement. Il parait que la mort d'un enfant, c'est pire que tout, qu'on ne s'en remet jamais. Je crois que c'est vrai. Car c'est une partie de nous même, charnelle, qui meurt... j'ai vu un peu la promo, à la télé, pour ce livre. j'ai trouvé le papa bien digne, et très touchant.
salpiglossis - 24.11.08 à 21:51 - # - Répondre -
← A Salpiglossis
Je ne l'ai pas entendu en parler mais c'est l'iamge que j'ai de lui après la lecture du livre.
lespetiteschoses - 25.11.08 à 01:01 - # - Répondre -
Emouvant
J'ai lu le livre de Patrick CHESNAIS.
J'en avais et besoin. Vous allez me trouver dérangée mais besoin parce que j'ai perdu mon fils de 10 ans en septembre dernier.
Non pas dans un accident de voiture mais aussi subi et violent que ça. Mon fils a eu de la fièvre pendant 4 jours et le corps médical n'a pas daigné le soigner car pour eux c'était uniquement viral. Et au bout du 4ème jour, il est décédé comme ça sans crier gare dans mes bras ! 10 ans !!!!!!!!!!!
Alors, quand j'ai lu que Monsieur CHESNAIS sortait un livre sur son fils, j'ai voulu le lire. Savoir ce qu'il ressentait et ressent depuis la mort de son fils.
Que l'on soit connu ou anonyme, nous sommes tous égaux devant cette atrocité.
Le livre est très émouvant, vrai parce que c'est uniquement les choses que ce père vit, ressent au jour le jour.
Et je peux vous dire qu'effectivement, il y a des jours avec et des jours sans. Des moments où l'ont casserait tout. Des mots qui reviennent sans cesse "POURQUOI NOUS !!!!!!!!!!!! POURQUOI LUI !!!!!!!!!!!!
On ne se remet jamais du décès d'un enfant. il faut continuer à vivre parce que c'est comme ça. Mais moi, en tant que mère, qui a porté son enfant pendant 9 mois, qui lui a donné la vie, qui l'ai eu la première dans mes bras et la dernière malheureusement !
MERCI Monsieur CHESNAIS pour votre récit !
Bastille le 30/11/08
bastille - 29.11.08 à 11:29 - # - Répondre -
← A Bastille
Merci pour votre témoignage émouvant. Il touche profondément la mère que je suis. Ma fille a 11 ans, j'imagine bien ce que vous racontez. Même si seuls ceux qui l'ont vécu peuvent mesurer l'immense vide que laisse un enfant qui part brutalement, je crois qu'on sait tous que la douleur doit être vive.
Bon courage, Bastille, pour parcourir votre chemin avec le poids de ce manque. Je vous souhaite vraiment de réussir à trouver assez d'énergie pour avancer. Bonne journée !
lespetiteschoses - 29.11.08 à 12:47 - # - Répondre -
← Re: A Bastille
cher patrick votre Ferdinand ressemblait beaucoup à mon Romain ce côté éthéré (jeune qd il jouait au foot le prof disait qu'il appartenait plus à l'air que;;; une expression dans le genre)
cet humour ce charisme cette générositré auprès des autres ;;;quand vous écrivez celà fait 6 mois, et quand celà sera 6ans ?moi celà fait 6 ans et 5 mois parti pour le week end après son deug , il n'est jamais revenu tué par un jeune de 18ans permis récent ,vieille voiture , fatigue et ce que je ne sais pas ;;;
mes derniers mots : "c'est gentil d'être venu à mon vernissage " mais maman c'est normal et depuis j essaie d'avancer avec la peinture, les amis ; pas d'autres enfants .
j'espère qu'un jour j'aurais la réponse du pourquoi de cette absence
jamart - 13.12.08 à 19:03 - # - Répondre -
← A Jamart
Que cela fasse longtemps ou pas, trouve-t-on la réponse de l'absence ? C'est si injuste...
Bon courage à vous...
lespetiteschoses - 13.12.08 à 20:03 - # - Répondre -
← Re: A Bastille
je retrouve ce coté "ailleurs " "pas tout à fait comme les autres " qui caractérisent nos enfants partis ailleurs
duluc - 29.09.09 à 08:06 - # - Répondre -
maman orpheline
On m'a offert ce journal; j'ai perdu mon Flo le 04/07/2006 accident de scooter;
Je revis , relis à travers ce livre des moments de notre histoire.
Moi aussi, l'écriture m'a aidé à parcourir un peu de chemin avec lui et votre livre m'a donné envie de reprendre mon stylo pour continuer à vivre cette après en parlant de la vie d'avant et d'après.
Comme vous, j'ai eu la chance de connaître une grande histoire d'amour avec mon Flo et c'est cet Amour là qui me permet de continuer à avancer avec lui, sans lui...TOUJOURS AVEC LUI.
Dans votre livre vous parlez de signes; je m'accroche beaucoup à ces signes; par exemple mon Flo"Florent" est mort le jour de la Saint Florent... j'aimerai bien écrire tous ces moments pour qu'il vive encore et encore..
Merci pour ce livre.
agnès - 02.06.09 à 13:02 - # - Répondre -
← A Agnès
Vous écrivez un peu pour lui ici... Bon courage pour combler ce vide immense, Agnès.
lespetiteschoses - 02.06.09 à 18:02 - # - Répondre -
parler encore et encore
j'étais sur les sites de deuil et j'ai appris que vous aviez perdu ferdinand qui aimait la vie et qui l'a perdue .....sylvie me disait que la vie lui était insupportable et elle a choisi de la quitter il y a 1 an ..
alors qu'est ce qui nous relie ...(tout ce qu'ils étaient : beaux , talentueux....) et notre immense tristesse
ferdinand n'a pas eu le temps... sylvie n'était jamais au bon moment pour attraper sa chance ....ou peut être qu'elle n'en avait pas
j'étais au cinéma peu de temps aprés et votre rock avec arditi m'a fait sourire ...merci
..je suis une mére orpheline ... la lecture de votre livre m'a été agréable.... vos yeux sont remplis de votre peine...les jours vont passer ...j'ai peur de vieillir sans elle
duluc - 29.09.09 à 08:02 - # - Répondre -
← A duluc
Merci de nous en parler. Je crois que je peux comprendre votre peur.
lespetiteschoses - 29.09.09 à 10:08 - # - Répondre -