Les petites choses

Magyd Cherfi... ce nom me disait vaguement quelque chose. En avançant mes yeux vers la couverture du bouquin, j'ai bien sûr reconnu le parolier et chanteur du groupe toulousain Zebda. J'avais aimé le groupe, notamment pour ses prises de position, j'ai donc attrapé le livre. 
 

 

Je m'attendais à du récit engagé et actuel mais pas du tout. Il s'agit d'un recueil de nouvelles. Des histoires où l'auteur se met en scène pour raconter son enfance dans les quartiers d'immigrés de Toulouse. Avec un franc-parler en même temps pudique et incisif, il décrit son terrain d'enfance. Avec un recul d'adulte mais un ressenti à fleur de peau d'adolescent, Magyd Cherfi nous fait croiser des femmes musulmanes, tyranniques mais attachantes, parce qu'enfermées dans leur modèle familial traditionnel tout en rêvant d'émancipation -avec un personnage de maman particulièrement étouffant d'amour-, nous faire suffoquer dans des appartements si exigus qu'on ne ferme pas les portes, nous fait survivre au milieu de toutes ces bouches à nourrir...

Il aurait pu s'arrêter là... mais non. Magyd Cherfi poursuit ses explorations émotionnelles en nous invitant à partager les premiers désirs amoureux des jeunes garçons, la pudeur des sentiments de sa grande famille où il semble qu'on ne pouvait se parler qu'en non-dits et rire que cachés. Il explique en quoi cet héritage est lourd même pour sa propre vie d'adulte et de père. Il parle de la cruauté enfantine, des mariages arrangés, dans des récits baignés d'odeurs et de bruits. Et aussi des relations amoureuses qui parfois s'épuisent... et de l'identité nationale. A sa façon. Décalée.

La plume est pudique mais incisive. Le franc-parler n'est pas de trop. On s'aventure dans chaque histoire sans savoir ce qui va nous tomber dessus. J'aime beaucoup.

Le bouquin est paru aux Editions Actes Sud (2007) et vaut environ 14€. 

Dans la même veine, j'écoute aussi son album solo La cité des étoiles paru en 2004.