Les petites choses

La Chouette est restée pendant plus de deux ans dans la même chambre que nous. D'abord, je voulais qu'elle soit près de moi. Et puis de toutes façons, nous n'avons pas une chambre par enfant et j'avais peur de ne pas l'entendre et qu'elle réveille son frère. En plus, on a pratiqué souvent le co-dodo puisque je l'allaitais. A la fin, elle ne tétait plus en pleine nuit mais c'était plus pratique.
 

Elle ne s'endormait pas de bonne heure, d'abord au sein... Plus tard, elle se réveillait après la tétée et repartait jouer de plus belle, sans pour autant pleurnicher. C'est à cette époque qu'elle a gagné son surnom. "Mon oiseau de nuit", l'appelait son père (dans les bons jours... parfois c'était aussi : "j'ai pas attendu cet âge là pourqu'un gamin de même pas deux ans me pourisse mes soirées !!!"). "Elle a des yeux de chouette", rajoutaient quelques autres, au regard de ses deux billes.
 

 

Elle finissait souvent sa nuit avec nous, à partir de 5 ou 6 heures du matin. J'aimais bien. L'Amoureux, lui, aurait bien aimé qu'elle parte de notre chambre plus tôt. C'est vrai que c'était pénible, le soir, d'être systématiquement dans le noir. Moi, je faisais mine de ne pas l'entendre.

Cet été, nous avons testé le camping. Une tente à trois "chambres" nous avons acheté. Elle en a partagé une avec Crapouillot. Bien entendu, il n'était pas question d'attendre minuit pour se coucher ni de rester tous dans la même "pièce" à jouer jusqu'à très tard ! Elle a bien voulu se coucher en même temps que son frère. Elle ne s'endormait pas tout de suite mais le fait d'être avec lui devait la rassurer. Alors en rentrant de vacances, je me suis dit qu'il était peut-être temps de passer ce cap...

L'Amoureux lui a trouvé une belle parure de lit Dora, histoire qu'elle s'approprie le territoire. Et ça a marché. J'ai commencé par la sieste. Je la couchais et je l'entendais qui jouait parfois pendant une heure dans la pénombre avant de s'endormir. Et puis un jour, j'ai plus rien entendu. Je suis rentrée. Elle ronflait, à plat ventre mais les fesses en l'air sur le parquet ! Je l'ai laissée. Les jours suivants, même scénario, et puis elle a fini par aller dans son lit. Le soir, c'était différent, elle voulait bien rester parce qu'il y avait son frère... 

Du coup, le passage s'est fait en douceur, sans pleurs et avec peu d'angoisse. On a démonté le petit lit qui ne servira plus chez nous. J'ai eu un pincement au coeur. Un peu. Je me suis réveillée quelquefois en regardant "le trou". Je me suis habituée moi aussi à ne plus la voir (l'avoir) près de moi...

Depuis quelques soirs, elle me dit aurevoir joyeusement. Une fois que la porte est fermée, j'entends des pas de petite souris... Plus tard, je la trouve blottie contre son frère.

C'est une chouette. Mais qui aime la compagnie !