Les petites choses

Il fait un froid de canard et un temps de chien... Les averses se succèdent depuis le début de la journée, laissant parfois entrevoir un rayon de soleil. Les enfants tournent en rond, la fatigue rend nerveux, la patience a quitté la maison. Il faut sortir s'aérer. Malgré la tempête.

Un coup de fil. Un rendez-vous. Les manteaux, les bonnets. J'oublie les gants pour les petites mains. La poussette est de sortie, pour une fois. Comme d'habitude, je la dépoussière avant. Je marche vite. Je suis juste. Crapouillot pleure un peu, il veut se faire rouler lui aussi. Il a un point de côté. A la rue suivante, je lui dis de monter. Les larmes sèchent avec le vent. Des serpentins sur ses joues. Les nez coulent. On remonte les écharpes. J'ai chaud, dans mon manteau. 

Les cuisses chauffent. Des goutelettes sur mon front. Je transpire. "C'est mon sport de la semaine, ça va eller !", je me dis. Je suis essouflée. Je pense aux crottes en chocolat mangées la veille. Je maintiens le rythme. Je vois le parking, lieu de rendez-vous. Personne. Petite Soeur peut descendre et marcher. Le vent la bouscule. Elle attrape ma main. Crapouillot flirte avec les flaques d'eau.

 

La voiture arrive. Des filles qui descendent. Crapouillot est heureux. Balade autour de l'étang. On se raconte nos achats de Noël. On a des tas de choses en retard à se raconter. Qu'on ne se racontera pas aujourd'hui. On rit, on retrouve la complicité dans l'oeil de l'autre. On attend que les enfants avancent un peu, pour pouvoir se dire nos secrets. J'écoute ce rire connu résonner. Je l'enregistre. Il me réchauffe le coeur.

Le tour est terminé. On monte tous dans la voiture. Crapouillot n'aura pas un deuxième point de côté. Chacun retrouve sa maison. Une balade courte. Une balade nécessaire. Une balade rare depuis un moment. Une balade comme un cadeau.